LES FEMMES EN POLITIQUE EN FRANCE AU 19E SIECLE

Félix Amoah, Ph.D

RESUME

Au printemps 1830, Juste Olivier, écrivain vaudois ami de Sainte-Beuve, de passage à Paris note dans son journal, Mercure de France, d’un ton étonné et agacé : “Ici les conversations prennent tout de suite la tournure politique à présent, même avec les dames”. Dans les dîners, en effet, des grandes bourgeoises intervenaient, coupant la parole de leurs maris stupéfaits. Dans les salons, que ce soit celui de la marquise de Montcalm, ou celui de la princesse de Poix, les comtesses et les duchesses manifestaient le plus vif intérêt à ce qu’on nommait les « événements de jour ». La comtesses de Boigne, qui se disait royaliste de la Restauration et non de l’émigration, s’occupait de la politique des cabinets pendant qu’une de ses amies, Félicie de Duras, rêvait de guerre civile, s’y préparant activement en apprenant à tirer au pistolet, en allant à la chasse au fusil. Tout l’hiver la population s’était largement amusée. Les bals masqués s’étaient multipliés et le vieux roi Charles X auriat et bien tort de s’inquiéter. Pourtant, comme le démontra si bien Victor Hugo, un Frisson révolutionnaire courait. Sans doute la jeunesse était en train de muer : les royalistes devenaient des libéraux, les libéraux des démocrates. C’était un bourdonnement, une suite d’imperceptibles changements, une opinion publique qui commençait à exister et s’affirmait par le biais des journaux. La révolution incubait. Plusieurs provinces du Nord (de France) avaient été incendiées. Des bergères avaient été accusées. À Paris l’on avait cru au hasard, à la malveillance, puis à la révolte, à la sédition. En mai (1830), le grandiose bal masqué que donnait Louis-Philippe, le duc d’Orléans au Palais Royal, avait failli mal se terminer. Les alentours et le jardin étaient noirs de monde, l’armée avait dû brutalement charger. Le roi ne voulut pas croire à un début d’émeute.